http://lanation.mg/archive.php?id=10406
03/04/2014
Face aux ventes et locations de terrains aux étrangers, l’Etat est requis de donner les états des lieux de ces transactions avec de amples clarifications au peuple malgache, a expliqué le Collectif TANY, une association qui lutte contre l’accaparement de terres. Cette association a souligné que la volonté affichée par les nouveaux dirigeants élus de mettre en place un Etat de droit, devrait se traduire par une transparence totale sur toutes les transactions sur les terres.
L’Etat est sollicité de rendre des comptes sur les transactions depuis plusieurs années et ceux qui sont encore en cours. Plusieurs milliers d’ha ont été octroyés aux étrangers alors que les détails de ces contrats ne sont pas clairs. Les victimes ne sont d’autres que les petits malagasy qui vivent dans les zones rurales se trouvant à proximité des terrains accaparés.
En plus d’une information complète sur l’état des lieux des ventes et locations de terres déjà réalisées ou en cours, le Collectif TANY demande ainsi une clarification sur le contenu détaillé des contrats de location-gérance des biens de l’Etat. Les plantations de canne à sucre et les usines qui ont été confiées en location-gérance à la société chinoise Compagnie Nationale d’Importation et d’Exportation des Equipements Complets de Chine (COMPLANT) dans plusieurs régions depuis plusieurs années, notamment dans le Nord-Ouest à Ambilobe en sont des exemples. Qui sont les propriétaires actuels de ces terres ? Quelles sont les clauses des contrats passés dans chacun des sites de plantation de cannes à sucre et d’implantation d’usines ? Selon cette association œuvrant pour le bien être des paysans malagasy qui se font expulser de leurs terres, ces informations devraient être rendues publiques.
Et le contrat de carbone ?
La vente par le gouvernement malgache de crédit-carbone des forêts protégées du Makira dans le Nord-Est à la société américaine Microsoft et au zoo de Zurich, suscite en outre des questionnements. D’après le Collectif TANY, « le montage financier et le régime foncier sous lequel ces 320 000 ha de forêts qui ont été cédés, méritent davantage de clarification pour l’ensemble des citoyens ». En particulier, comment sera comptabilisé le carbone, comment seront répartis les revenus du carbone et comment sera effectuée concrètement la gestion de la part prévue pour les communautés locales vivant aux alentours des aires protégées pour qui, les zones et les ressources forestières seront désormais inaccessibles ? Une étude réalisée en 2013 sur le projet-pilote PHCF – projet holistique de conservation des forêts – initié par WWF Madagascar et la fondation GoodPlanet, financé à 100% par la compagnie Air France dans le Sud-est, montre que les mécanismes de compensation des émissions de carbone ne contribuent pas forcément à la réduction de la déforestation mais peuvent aggraver l’insécurité alimentaire de la population avoisinant l’aire protégée, a expliqué le Collectif TANY.
Ce système de « vente de carbone », un aspect des paiements des services environnementaux « visant à rémunérer les réductions d’émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts » – REDD – ainsi que son application concrète, doit être prouvé à l’opinion publique qu’il s’agit bien d’une « chance » et d’une « aubaine » pour les Malgaches car de nombreux éléments restent imprécis et non maîtrisés, selon les spécialistes dans le domaine, a insisté cette association.